Stanton Macdonald-Wright – La Prophétie – 1955

Ce matin, j’ai décidé de partir faire le tour du monde. Je suis donc partie à l’aventure. Lors de mon voyage, j’ai rencontré trois civilisations bien différentes. La première civilisation vivait dans une ville appelée Bulle. Drôle de nom, non ? Sur la carte, la ville était parfaitement ronde, quant à ses habitants, ils étaient parfaitement ronds. Me posant certaines questions sur eux, j’en approchai un. Il me regarda affolé et disparut subitement en laissant derrière lui un « PLOP » assourdissant. Tous disparurent dans une même symphonie de « PLOP » et bientôt, les rues furent désertes. Déçue de ne rien avoir appris sur eux, je partis, seule et triste. La deuxième ville, elle, contrairement à Bulle, était parfaitement rectangulaire et ses habitants étaient parfaitement rectangulaires. Il pleuvait, pourtant ils ne semblaient pas s’en inquiéter dans la ville de Gant. Il semblait même que les habitants absorbaient l’eau. Sans trop me poser de questions, je fuis sur le champ. Ma dernière escale fut une ville appelée Soap. La ville était rectangulaire aux bords arrondis et les habitants étaient rectangulaires aux bords arrondis. Les habitants glissaient sur le sol tout en créant ce à quoi ressemblaient exactement les habitants de Bulle. Puis, soudain, une forte pression m’arracha à ce monde plein de couleurs. Voici comment moi, la petite goutte d’eau, je suis retournée d’où je venais, dans les canalisations du bain qui me mèneront bientôt vers l’océan.

Sarah Moreels